Alex
Le ciel ne m'en veut plus.
Sa colère tonnante et électrique cesse. Ne reste plus que ses larmes
que les bouches terrestres avalent et qui allaient mettre du temps à sécher.
Je marche longtemps, je traverse des quartiers parfois agités, parfois
d'un calme troublant.
Les ruelles du quartier Saint-Jean sont vides de son.
Épuisé,
je me laisse glisser sous des fenêtres. Mon esprit entre dans une danse
qui ne connaît pas d’équivalent, une danse sphérique balayée par le
souffle du vent. Mon paquet de cigarettes se vide dangereusement, il
faudra tenir jusqu'au petit matin. L'insomnie
m'a choisi comme partenaire, ce soir Morphée m'a tourné le dos, ses
pavots ont séché. [...]
Clara
Je
l'imagine se presser dévalant la rue trempée derrière mes fenêtres.
Vide à cette heure de la nuit. Peut-être croisera t-il le tatoué sous le
porche qui le proposera sa merde sans effet tellement coupée, même
plus capable d'apporter de la folie à nos nuits. Je me réjouis à l'idée
que sa came et lui dégouline. Ou peut-être que les psychotropes ont
cette capacité de révélation des tourments de l'âme. La magie de l'autre
côté du miroir que nous traversions lors de nos voyages érotiques des débuts, a laissé place à une moiteur sombre, un jus avarié
dégoulinant de nos corps. Chaque descente de drogue ravivait nos
douleurs émotionnelles qui naissaient de notre jouissance coupable. La
sentence était tombée, l'acharnement que je mettais dans le combat contre
l'érosion de cet amour ne faisait qu'amplifier sa décomposition.
Paradis artificiel éteint, enfer bien réel. [...]
Paradis artificiel éteint, enfer bien réel. [...]