Morphine - Mikhaïl Boulgakov

"Descente dans les tourments de l'âme et du temps."*



                                             

Le docteur Poliakov vient de connaître un drame conjugal. Ce drame même s'il le minimise en fait le touchera bien plus que ce qu'il prétend. Peut-être est-ce la raison d'une soudaine douleur qui apparaît au niveau de son estomac. Une douleur si forte qu'il décide de faire venir une infirmière, Anna Kirillovna. Cette dernière lui injecte alors une petite dose de morphine. Commence alors un jeu dangereux contre la douleur. Une fois les effets de la morphine estompés, la douleur revient. Le docteur cherchera alors à s'en procurer quotidiennement. Il finira par devenir accroc. Atteint de morphinomanie, il entame une descente aux enfers. La même qu'engendre toute addiction aux drogues dures. Et c'est dans son journal, qu'il remettra à sa mort à un confrère et ancien camarade de faculté, qu'il partagera son expérience dramatique avec la morphine.


D'abord naît une relation agréable entre Poliakov et la morphine qui le soulage tant. 

"Toutes les sensations désagréables cessent, absolument toutes. C'est le summum de la force spirituelle de l'homme."

Puis une relation entre lui et Anna. Une relation de circonstance et pas vraiment sentimentale, comme il le précise dans son journal.

"Anna K. est devenue, en secret, ma maitresse. Il ne pouvait d'aucune façon en aller autrement. Nous sommes relégués sur une île déserte."

Tout semble alors aller pour le mieux, mais c'est sans compter sur la capacité du corps à l'accoutumance. Les effets de la morphine se font de moins en moins sentir, il faut donc augmenter les doses. Il en arrivera même à essayer la cocaïne une expérience non concluante et d'une atrocité qui le traumatisera.

"Le diable dans un flacon. La cocaïne c'est le diable dans un flacon ! "

Il décrira tous les effets que ce poison fera subir à son organisme :

"... et à certain moment je me prends à penser que le docteur Poliakov ne reviendra plus à la vie."


Cette nouvelle est extraite de "La Garde blanche" un recueil de nouvelles et récits de la collection de la Bibliothèque de la Pléiade.

Le journal de Poliakov est un véritable témoignage sur la folie destructive du manque. On fait le voyage avec lui et on subit ses périodes de souffrances et d'hallucinations.
Un petit voyage, une folle parenthèse.


Mikhaïl Boulgakov - Morphine
(Gallimard - 1997)


*Al Séraphe - Détresse