Portrait d'automne - Roger Wallet


                         "L'été laisse place à l'automne,

                           Et c'est toute mon âme qui s'effeuille."*

                                                     
  
Dans "Portrait d'automne" Roger Wallet ne conte que l'essentiel. Aucun superflu que le nécessaire au déroulement du récit.
L'histoire de ce jeune instituteur exilé dans la rustre Picardie nous prend au cœur dès la première phrase: "Tout juste dix-huit ans et l'âme tourmentée."

Le départ est vécu tel un déchirement. Puis vient la rencontre avec cette terre nouvelle, ses paysages et ses habitants.



"On les voyait descendre à l'entrée des villages, lourds de fatigue et de mauvais alcool, femmes girondes qui partaient droit vers la cuisine, la lessive, hommes à l'âge incertain, bleu, barbe mal rasée, sac à dos, la halte au bistrot, la roulée au bec, histoire d'encore quelques rires, quelques chimères  avant de regagner, d'un pas cassé, la tiédeur frustre du balatum et du formica."

Le bistrot apparait comme un personnage mystique "Le bar des deux rives".

"Le bar des deux rives trouait la nuit avec indécence, tâche de lumière, envolée de bruits confus, étouffés."

Il y aura l'amour. Pas un vrai. Un amour aussi troublant que le climat, une deuxième rencontre tout aussi mélancolique.

"L'averse s'était estompée. Le vent soufflait avec violence, emportant son charroi de nuages noirs. Je gardai jusqu'à ma chambre le souvenir de sa voix."

Vous aurez compris la résonance de ce récit sans prétention mais si vrai, réel. Un livre des jours nostalgiques. Nous avons tous enfouis des souvenirs mélancoliques, ceux là même que nous aimons faire ressurgir secrètement comme la flamme d'une bougie sur laquelle nous agitons une main fragile, mais ce geste fou nous n'avons ni la force ni l'envie de l'arrêter.


 
 Portrait d'automne - Roger Wallet
(Le dilettante - 1999)



*Al Séraphe - "Point de rupture"